Allons de ce pas réveiller une rubrique en bernique !
mis en image par Art Spiegelman, ce qui ne gâte rien
Voici donc LE livre qui me suivra partout (lui aussi !)
C'est un tout petit livre par sa pagination, mais qui pèse son pesant de macabre histoire et de débauche (j'en vois déjà qui ont l'œil qui brille).
Une écriture rageuse, râpeuse, en révolte contre le puritanisme américain de l'époque (1926) et contre la prohibition. Des vers, qui se lisent comme ils se dévorent, si imagés si créatifs, et qui "s'écoutent" au rythme d'un jazz onirique, inventif, émotif aussi… Oui oui, tout ça se lit, se ressent, se vit — et nous emporte alors que l'on s'imaginait une lecture laborieuse.
Dès les premiers vers, ça “balance” !
La blonde Queenie était encore dans la beauté de l'âge
Quand, sur scène, elle remuait ses avantages.
Regard charbonneux.
Lèvres de feu
dans un visage laiteux
Quelles épaules
Quelles hanches
Quel cul !
Un peu plus loin :
On buvait pour se noircir,
Pas pour le plaisir.
Ne rôdaient autour du bar improvisé
Que des charognards en habits de soirée.
On les sentait prêts à exploser
Sous leur masque de chair triste
Que fendait un sourire d’antéchrist.
Prunelles vitreuses,
Mains fiévreuses,
Pensées filandreuses,
Ils piaillaient et gloussaient.
Prêts, vous dis-je, à exploser.
Le tout servi par un illustrateur que l'on ne présente plus qui se plaît à nous offrir une plastique érotique, lassive et tendre, brutale aussi, violente, dérangeante parfois.
J'aime vraiment ces coups de crayons qui jouent sur la lumière, le contraste, la sobriété du trait qui arrive par on ne sait quelle magie à nous plonger dans un abysse d'émotions.
C'est un classique "underground" qui fut jugé à l'époque trop scandaleux pour être publié. Ça ne m'étonne pas. Aujourd'hui encore il est hors des sentiers convenus et contrit de nos certitudes. Il dérange la ménagère et les idées reçues.
En fait il est très rock'n roll ce bouquin. Dom, je suis sûre qu'il va te plaire
Marie